Réflexes cliniques

Lorsqu’un patient gay parle de sa sexualité ou si le médecin suggère d’en discuter, c’est l’occasion de savoir quels sont les besoins du patient. En termes de prévention notamment, les échanges ne concernent pas les mêmes problématiques en fonction de la vie sexuelle du patient. Souvent devant n’importe quel symptôme, le patient HSH se demande s’il est lié à sa sexualité ou, au contraire, s'il est dans le déni du symptôme (culpabilité, etc.). Ces sujets peuvent être plus facilement abordés une fois que le patient est à l’aise avec sa ou son praticien, conscient de la délicatesse de ces sujets.

 

Je suis médecin généraliste

Dépistage

La communauté gay étant particulièrement touchée par les IST, dont le VIH, le dépistage est d’autant plus important. Proposer au patient les tests de dépistage :

 
De façon systématique
  • Sérologie VIH et TPHA-VDRL (syphilis) une fois par an a minima ;
  • Sérologies des hépatites A, B et C lors d’un premier dépistage ;
  • En cas de sexualité «sanglante» ou de consommation de drogue par  voie nasale (cocaïne) ou intraveineuse, une sérologie de l’hépatite C annuelle est conseillée.
 
En fonction des résultats, les vaccinations contre les hépatites A et B, plus fréquentes dans la population gay, sont vivement recommandées.

Réaliser une sérologie VIH accompagnée du TPHA VDRL et des hépatites A, B et C devant des signes évocateurs d’une primo infection ou d’une infection à VIH tel que ceux-ci :

  • Une angine résistante au traitement ;
  • Un syndrome grippal inexpliqué de plus de 7 jours ;
  • Une poly-adénopathie et/ou une altération de l’état général ;
  • Un zona ;
  • Un psoriasis ou une dermite séborrhéique de novo et étendus ;
  • Une leuco dysplasie (réseau blanchâtre des bords de la langue).
 
Rappel

Un test pour le VIH se positive à 6 semaines après l’infection en cas de prélèvement sanguin (sérologie avec test ELISA de 4e génération) et seulement après 3 mois pour des tests de dépistage rapide. Les patients n’ont pas toujours conscience de ces délais et peuvent être trop vite rassurés suite à un test négatif fait juste après une prise de risque.

Avec l’accord du patient, le VIH sera systématiquement dépisté en même temps que la syphilis (TPHA VDRL) et les hépatites A, B et C.

 
Divers
  • En cas d’IST, penser à traiter les partenaires et à désinfecter les jouets sexuels échangés.
  • Si un HSH vous demande une prescription de stimulateurs de l’érection (sildénafil, tadalafil, vardenafil), pensez à le prévenir des interactions éventuelles avec les poppers (risque de malaise hypotensif).
  • Si un patient gay est susceptible d’utiliser de la testostérone (pratique du bodybuilding) penser au risque d’infarctus du myocarde, d’hyperlipidémie, de cancer de la prostate et d’hypogonadisme.
 
Le TPE

En cas de rapport sexuel à risque de transmission du VIH, un traitement d’urgence peut être délivré dans tous les services hospitaliers d’urgences (le plus rapidement possible et au plus tard 72 heures après la prise de risque). Cet outil est malheureusement encore trop méconnu ou sous utilisé, tant par les patients que les médecins.

 

Je suis dermatologue

  • Un prurit, quelle que soit sa localisation ou évolution, fait évoquer la gale ;
  • La syphilis peut être suspectée devant de nombreux signes, un chancre (douloureux ou pas), une éruption cutanée généralisée, voire une papule isolée au niveau des organes génitaux. Le TPHA VDRL est largement proposé, en association aux autres sérologies de dépistage des IST dont le VIH ;
  • Un chancre fait penser à la syphilis mais aussi au chlamydiae ;
  • Une éruption ou des signes brûlures, notamment du visage ou des organes génitaux incite à questionner quant à l’utilisation de poppers.
 

Je suis gastro-entérologue

  • Le chancre syphilitique peut également se trouver au niveau de l’anus.
  • Devant des condylomes anaux, penser à vérifier les organes génitaux et la gorge (et réciproquement) ;
  • Ténesme et/ou épreintes, d’autant plus s’il y a de la fièvre et une altération de l’état général, font pratiquer une PCR Chlamydiae Trachomatis anale à la recherche d’une lymphogranulomatose vénérienne ;
  • Une diarrhée chronique fait rechercher des amibes.
 

Je suis ORL

  • Un chancre syphilitique peut exister également dans la gorge ;
  • Une angine résistante peut faire évoquer une primo-infection VIH ou une atteinte à gonocoque.